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Wwoofing or not wwoofing ?


Nous sommes dans la région de Mendoza, une région viticole, où nous souhaitons faire notre premier wwoofing pour apprendre comment produire du vin bio artisanal. Le principe du wwoofing est de travailler quelques heures par jour dans une ferme biologique et partager le quotidien des hôtes, sans aucune rémunération, mais avec en échange le gîte et le couvert. Nous avons choisi une ferme biologique viticole à San Rafael et nous attendons cette expérience avec impatience. C’est une façon pour nous de s’immerger dans la culture du pays et d’apprendre de façon concrète l’agriculture biologique. Mais à notre plus grand désarroi, la viticultrice avec qui nous sommes en contact, après avoir repoussé notre venue de quelques jours, annule tout bonnement notre mission la veille de notre arrivée… Très déçus mais fermement décidés à faire du wwoofing en Argentine, nous contactons plusieurs fermes et continuons notre route vers le Sud en attente de réponse favorable pour nous accueillir. Nous arrivons au nord de la Patagonie et découvrons ses nombreux parcs nationaux (Lanin, Arrayanes, Nahuel Huapi, Los Alerces). Nous sommes sous le charme de cette région et de ses immenses lacs d’un bleu profond où les forêts se reflètent comme dans un miroir, de ses rivières aux eaux cristallines et de ses multiples chemins de randonnée. Avec le chocolat de San Carlos de Bariloche et les chalets en bois de San Martin de los Andes, on se croirait en Suisse.










































Entre deux randonnées, nous recevons une réponse favorable pour un wwoofing qui nous mène au bord du lac Meliquina, à la pépinière « Jardines de la Patagonia ». Gaston nous accueille avec Lydia sa femme, Franco et Lorenzo leurs deux fils.

Le village de Lago Meliquina a été créé il y a 20 ans. Nos hôtes ont été la première famille à s’installer ici au bord du lac. Aujourd’hui, si le village possède une école publique, une boulangerie et une église, il n’y a pas de municipalité, ni réseau électrique, ni réseau d’adduction en eau potable, ni service de collecte des déchets. Chacun est autonome en énergie et puise directement dans la rivière l’eau dont il a besoin. La grande majorité des maisons sont équipées d’éoliennes, de panneaux photovoltaïques et de chauffe-eaux solaires alors que certaines habitations ont un groupe électrogène. L’eau du robinet provient directement de la rivière et ne nécessite aucun traitement ; nul besoin de la faire bouillir pour la boire comme au Pérou !

Gaston est un adepte de la récupération. Les poutres porteuses de sa maison et la table de la cuisine proviennent de l’ancien pont en bois du village, le carrelage a été fait à partir de chutes de marbres et les murs ont été bâtis avec des pierres récupérées aux abords de la rivière.



La pépinière produit des plantes aromatiques et ornementales, ainsi que des arbustes natifs de la région et des arbres fruitiers. Jérémy est chargé d’aménager une serre en construction et d’ajouter de la terre à l’intérieur. Après avoir passé des heures et des heures à déplacer de la terre à la pelle, il cueille les cerises pour en faire de la liqueur et des confitures, et aide aussi à débroussailler, charger et décharger le bois sur une autre parcelle. Pour ma part, je travaille à la pépinière où j’aménage la disposition des plantes en pot, je désherbe à la main, et j’arrose tous les matins. Je propose d’appliquer ce qu’on a appris chez Terre & Humanisme en recouvrant le sol de sciure tout autour des plantes en pleine terre afin de garder l’humidité dans le sol et limiter ainsi les arrosage et la pousse de plantes adventices, appelées couramment « mauvaises herbes ». Gaston étant un ancien boulanger, il m’apprend à faire le pain que l’on fait cuire au four à feu de bois.





















































Après avoir travaillé la matinée, du lundi au samedi, nous profitons de nos après-midi pour nous baigner dans les eaux très fraiches du lac, très appréciables sous ce soleil et cette chaleur. Maintenant « vous êtes patagoniques » s’exclame Franco !


Mais revenons à notre wwoofing. Aucun produit chimique n’est utilisé dans la pépinière : ni engrais, ni pesticides. La terre prélevée dans la forêt (litière forestière), est naturellement très riche en matière organique et suffit à nourrir les plantes, sans autre apport extérieur. Ici il n’y a pas de label bio, la pépinière est auto proclamée « écologique » par ses propriétaires car l’énergie est renouvelable et aucun produit chimique n’est utilisé, mais cela ne fait pas tout et le terme « écologique » nous parait abusif. En effet, durant notre séjour, nous n’avons relevé aucune démarche de la part de la famille pour bien gérer et réduire ses déchets, économiser l’eau et l’énergie, et au contraire, il y a beaucoup de gaspillage. L’arrosage automatique tourne quasiment en continu, même aux heures les plus chaudes. La gestion des déchets reste le point noir et on obtient des explications très opaques. Nous sommes très surpris qu’ils ne compostent pas leurs déchets organiques, une solution simple qui permettrait de réduire leurs déchets et qui pourrait être utilisé à la pépinière. Ils brûlent certains déchets, notamment les plastiques dans le four, alors qu’ils auraient la possibilité d’amener leurs déchets recyclables à la ville la plus proche, San Martin de los Andes, où ils vont quotidiennement en voiture amener les enfants au collège.

L’idée du wwoofing est aussi de participer aux tâches conjointement avec le propriétaire, afin qu’il transmette son savoir sur l’agriculture biologique. Or nous travaillons tous les jours seuls, et Gaston souhaiterait que l’on travaille toute la journée. Or un wwoofer ne doit en aucun cas remplacer un salarié et ne doit pas travailler plus de 20 à 25 heures par semaine.

Par ailleurs, nous sommes logés dans une maison en bois, certes très mignonne, mais sans électricité, à 1 km de la pépinière, et nous n’avons pas l’impression de partager la vie de nos hôtes. Nous ressentons plutôt une sensation d’abus de la part de Gaston, qui a accueilli jusqu’à 9 wwoofers en même temps, bien loin des valeurs de partage et transmission de connaissances du wwoofing, ou du moins de l’image qu’on s’en était fait…



Après échanges avec nos hôtes, leur démarche semble être guidée par souci d’économie et d’opportunisme plutôt que par conviction écologique. Au final, cette première expérience de wwoofing est mi-figue mi-raisin, et nous restons sur notre faim car nous n’avons clairement rien appris sur l’agriculture biologique. Il n’y a ni ferme, ni potager, les fondements même du wwoofing manquent à l’appel.


Nous ne restons qu’une semaine et nous garderons le souvenir d’une nature saine et généreuse, en espérant que les habitants sauront la préserver et limiter au maximum les impacts de leurs activités. Nous quittons le village de Lago Meliquina et prenons la direction de Junin de los Andes pour un second wwoofing dans une estancia. Rendez-vous au prochain article pour connaître la suite !


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